La vie avait ses revers de médaille. C'était particulièrement vrai pour Gérard Bertin, qui venait d'être gentiment remercié pour inaptitude, juste parce qu'il avait un œil qui était faible quoique parfaitement fonctionnel. Mais quand on faisait partie des services secrets français, il fallait être au top. Mais rien n'était proposé pour sa reconversion. La Police Nationale ou la sécurité privée ne l'intéressaient pas. Il lui fallait quelque chose de plus motivant. A la DGSI, il était enquêteur, il récoltait les données fournies par les agents de terrain et les analysait, les décortiquait, émettait des avis, des recommandations. Elles étaient écoutées ou pas, mais c'était ce qu'on lui demandait. Ses rapports étaient appréciés car très bien documentés, avec des sources fiables. Aujourd'hui, il voudrait plutôt s'orienter vers un travail de détective privé. Il passa quelques annonces dans les journaux pour offrir ses services. Hélas, les clients ne se bousculaient pas à sa porte et heureusement qu'il avait tout de même une indemnité de compensation du Ministère de l'Intérieur qui lui permettait de vivre, sans faire de folie, toutefois. Alors que c'était vraiment une période de vache maigre, un couple vint le voir. Il lui proposait un travail d'enquêteur à temps plein, mais il y avait des contraintes. Il devait résider au domicile du couple et être disponible vingt quatre heures sur vingt quatre. De prime abord, même si le salaire était alléchant, perdre son indépendance ne convenait pas à Gérard. D'ailleurs, c'était un nom d'emprunt, fourni par la DGSI. Personne ne connaissait sa véritable identité. C'était un homme qui en savait trop pour que son identité réelle soit connue. Donc officiellement, son passé était fabriqué de toute pièce. A force de la répéter, c'était devenu quasiment une réalité dans sa tête. Il fallait que cela soit ainsi, pour sa propre sécurité. Le couple était venu vers lui sur recommandation d'une de leur relation. Quelle relation ? se demanda-t-il. Il fallait qu'il en sache plus. pour le moment, il refusa l'offre du couple. L'homme lui demanda d'y réfléchir encore et le couple prit congé.
Une bonne quinzaine de jours passa sans nouveau client à se mettre sous la dent. Gérard en avait marre de l'inactivité, il fallait qu'il fasse quelque chose. Alors qu'il repassait devant la table qui lui servait de bureau, il vit la carte de visite du couple. Monsieur et Madame Vautier. Il décida de se renseigner un peu sur ce couple. Il passa quelques coups de fil à d'anciens collègues de la maison mère. Les Vautier étaient une famille riche, le mot n'était pas usurpé. Une fortune estimée à plusieurs dizaine de millions d'euros, des sociétés à profusion. Il y avait plus riche qu'eux, certes, mais tout de même ! Et pourtant, ils n'en faisait pas étalage, en tout cas sur eux. Pas de tenue ostentatoire, ni de bijoux bling bling, rien qui dénote une telle fortune. Juste des gens vivant confortablement, sans excès. Pourquoi avaient-ils besoin de lui, surtout en tant qu'enquêteur ? Il décida de discuter avec eux de manière plus approfondie. Il prit rendez-vous pour le lendemain.
Il fit le déplacement avec sa voiture plutôt qu'avec les transport en commun. Il avait revêtu son costume de travail, le même qu'il portait quand il travaillait à la DGSI. Il disposait d'une autorisation de port d'arme permanent, en rapport avec sa protection personnelle, compte tenu des secrets en sa possession. Il avait beau ne plus appartenir à la maison mère, il en conservait certaines prérogatives. Il connaissait certains secrets d’État et avait juré de ne rien révéler, même si il quittait la DGSI. Du coup, aujourd'hui, il portait son arme de service, qu'il avait pu conserver. A ce titre, on pouvait considérer que Gérard était un type qui pouvait être dangereux dans certaines circonstances. Il était entrainé au combat distant ou rapproché. En discutant avec les Vautier ce matin là, les choses se précisèrent pour lui. Son boulot serait plus une espèce de garde du corps doublé d'un chauffeur. Mais une de ses attributions serait aussi de mener des enquêtes sur des personnes désignées par le couple et serait amené à faire de la protection personnelle, garde du corps, quoi. Cela commençait à devenir intéressant, cette histoire. Il bénéficierait en plus d'un logement discret dans le bâtiment principal de la demeure. Il y serait indépendant. Il fallait juste qu'il soit à disposition du couple quand ils en auraient besoin. Après réflexion, il accepta la proposition, surtout que le salaire était plus que confortable.
Quelques semaines plus tard, il avait pris ses marques. Six ans plus tard, il entamait une enquête sur une jeune fille un peu paumée, franchement borderline. Elle s'appelait Coralie Vergne et vivait dans l'enfer de la rue...
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