Durant l'année 2000....
"Bonjour Vautier. Asseyez-vous.
- Oui, monsieur. Que fais-je ici ?
- Vous êtes un très bon analyste mais vous êtes aussi un très bon agent de terrain et c'est sur le terrain que nous avons besoin de vous.
- Un instant, cela fait trois ans que je n'y suis pas retourné.
- Ne vous inquiétez pas. Vous travaillerez sous votre véritable identité, pas sous couverture. Le truc est de récolter des renseignements dans des milieux auquel nous n'avons pas forcément un accès facile. De part votre statut social, vous y avez accès. Vous travaillerez à faire fructifier les affaires de votre famille et donc vous passerez inaperçu. Personne ne saura que vous appartenez au service.
- Donc, je ne n'aurai plus à venir ici ?
- Pire ! Vous ne devrez plus prendre contact directement avec nous, pour votre sécurité et celle de votre famille.
- A qui devrai-je rendre compte, alors ?
- A un haut fonctionnaire qui est en prise directe avec nous.
- Très bien, à vos ordre Monsieur le Directeur.
- Paul, restez discret, ce n'est qu'à cette condition que vous pourrez travailler en toute sérénité. Pour le reste, vous êtes totalement libre. Vous avez carte blanche. Si vous avez besoin de quelque chose, passez par votre contact."
La conversation se termina ainsi. Paul Vautier sortit du bureau et rejoignit son domicile. Il avait été engagé cinq ans plutôt comme agent de la DGSI, d'abord en tant qu'agent de terrain, ensuite comme analyste. Aujourd'hui, on lui demandait de récolter des informations sur des gens corrompus au sein de la société mondaine. Lui même en faisait partie, suite à un héritage de sa famille. Il avait donc accès à tous les codes du milieu, et s'y intégrait parfaitement. Or ce milieu, comme tous les milieux sociaux, avait ses brebis galeuses. Il fallait les éliminer. C'était plus sain pour faire des affaires et cela donnait une bonne image aux politiques qui avaient ordonné ce nettoyage. Mais les gens riches sont prudents, surtout lorsqu'il s'agit de corruption. Et ils peuvent se payer d'excellents avocats. Il fallait donc des preuves solides pour les faire tomber. La recherche de ces preuves incombait maintenant à Paul, entre autres personnes.
Paul était marié depuis peu. Pour sa propre sécurité, sa femme, Sylvie, n'était au courant de rien des activités secrètes de son mari. Cela évitait que sa femme puisse être impliquée dans une quelconque opération. C'était mieux ainsi. Une fois rentré chez lui, il s'assit à son bureau, ouvrit son ordinateur et commença à travailler. En regardant sa messagerie, il vit un nouveau message sans expéditeur. Il l'ouvrit et le lit. Seule une adresse mail apparaissait, celle de son contact direct. Il nota mentalement l'information dans un coin de son cerveau et effaça le mail de manière sécurisée. Rien ne subsisterait dans son ordinateur, même après une analyse minutieuse de son disque dur. Le seul moyen de retrouver cette information serait de fouiller son cerveau. Chose difficilement réalisable, bien sûr, même avec des moyens modernes. Il continua donc à travailler sur la fructification des affaires familiales durant tout le reste de la matinée. Dans l'après midi, un autre mail lui parvint avec un nom : Philippe Dulier, alias Gérard Bertin. Il lui faudrait trouver cet homme, et l'engager. Il appartenait à la maison mais pour les besoins de la mission, il serait déclaré inapte au service et retiré de celui-ci, donc sans emploi. Il serait alors facile de le recruter comme chauffeur, garde du corps et enquêteur, sans qu'une liaison avec la DGSI puisse être soupçonnée. C'était machiavélique et surtout, quasiment indétectable, puisque l'intéressé lui-même n'était pas au courant qu'il était toujours en activité. La couverture parfaite et discrète quoique fragile. Un seul petit os dans ce plan pourrait tout compromettre. Faire tomber des gens qui sont bien protégés requiert de l'ingéniosité et de la subtilité, et surtout, beaucoup de prudence. Un seul loupé, et tout ceci n'aura servi à rien, or, les moyens mis en œuvre étaient énormes. Quoiqu'il en soit, Gérard (Philippe) ne devrait jamais savoir que Paul était de la maison mère, sans quoi, cela pourrait mettre en danger toute la mission, et le directeur lui tomberait dessus, c'est sûr. Cela ferait les gros titres des journaux car rien de cette opération n'était légal et cette mission était ordonnée directement par la plus haute autorité de l'Etat. Des tests avaient déjà été faits avant le déclenchement réel de l'opération. On avait réussi à faire tomber quelques intermédiaires. Ils voulaient les têtes de réseau, ce n'était plus la même chose et c'était autrement plus risqué.
Vingt et un ans plus tard, et après de nombreux succès, tout pouvait basculer à cause d'un tout petit grain de sable, une peccadille, une broutille, une banale histoire d'amour...
Commentaires
Enregistrer un commentaire